Il galopait comme un déjanté depuis déjà un bon moment. Il avait de nouveau quitté ces Terres, guidé par l'appel de l'inconnu. Il était arrivé dans ce désert splendide et si mystérieux qui semblait endormi par la chaleur de l'après-midi. Seul le bruit régulier de ces sabots résonnaient sur cette Terre immense et abandonnée. Il happait les dunes de sables avec une facilité déconcertante avant de se laisser emporter par la vitesse dans la pente de ces dunes. Il allait si vite qu'il sautait presque d'une dune à une autre apparaissant comme un fantôme de bronze se fondant presque parfaitement dans le paysage. La seule différence était que sa robe brillait d'une nuance de nacre extraordinaire qui dansait avec les rayons du soleil. Prit dans cette folle galopade il s'arrêta au sommet de l'une des plus hautes dunes. Il se cabra alors droit comme un I, boxa l'air de ses antérieurs avant de pousser un hennissement puissant. Le hennissement qui signifie habituellement le départ d'un combat. Ce hennissement lui rappelait un jour bien sinistre de sa vie. Mais aujourd'hui il n'en avait que faire. Après sa prouesse vocale terminée, il avala de nouveau la courbe de cette dune. Soudain il entendit un rire s'échappant de ces brûlantes profondeurs. Un rire éclatant, profond et si sincère qu'un sourire vint fendre ses lèvres. Ce fût après quelques élégantes foulées qui l'aperçut en face d'elle, elle galopait fièrement et semblait être ailleurs. Il passa à côté d'elle dans un galop rebondie, il repassa au trot en faisant un grand virage tout en prenant soin de relever ses allures et de mettre sa queue en panache. Finalement, il reprit le galop et se mît à hauteur, offrant un contraste saisissant entre leurs 2 robes. Il reste en silence avec juste un sourire aux lèvres, l'admirant du coin de l'oeil.

Peu importe qui elle était au fond, il profitait de cette journée ensoleillée qui démarrait sous les plus belles auspices. Il pouvait devenir si il voulait les blessures de son âme, mais l'envie n'était pas là. Si aujourd'hui elle était joyeuse ce n'était pas le moment de gâcher ça. Plutôt que de parler il se contenta de l'observer. Sa robe était d'un noir ébène si profond que s'en était saisissant. Elle était bien faite avec un corps sculptée dans la perfection et une tête fine et délicate. Mais ce qu'il préférait le plus était toujours les yeux, et elle avait de jolis yeux aussi noirs que sa robe mais avec un éclat particulier. Il fût heureux de connaître son nom, il était bien triste mais semblait lui allait comme un gant. Il prit son ton ironique et les paroles qui suivirent avec un sourire en coin et un regard joueur.

Son ton était amusé, toutefois il redevint sérieux en prenant un hochement de tête sincère en guise de révérence qui ne pouvait exécuté étant donné le rythme de son trot. ll gardait le sourire aux lèvres et suivit le regard de Sinistra. Ses yeux s’arrêtèrent alors sur un aigle gracieux qui planait au-dessus d'eux. Son sourire s'élargit. Il avait toujours aimé particulièrement les oiseaux, d'où son nom. Il avait toujours rêvé de voler comme eux et de pouvoir découvrir le monde sans frontières. 

Il avait remarqué cette légère ombre qui passa sur son visage. Mais à nouveau il se tût. En effet, il était bien trop gentleman pour se permettre quoi que ce soit. Si bien que parfois il pouvait paraître pour un étalon superciel qui se fichait de la personne d'en face. Mais il n'était pas cela. Il était juste trop poli pour s’initier dans la vie des gens, et encore moi dans celle des juments, jolies ou pas. 

Il prit un petit sourire charmeur, bien que son regard trahisse qu'il n'était pas sérieux sur le plan drague. Il avait entendu la question mais choisissait dans quel sens l'interpréter. Il préféra la comprendre comme si elle demandait de quel troupeau il était, bien qu'il ne pût s'empêcher de faire un commentaire sur un ton mystérieux.

Il aimait depuis toujours donné des surnoms aux juments et il avait trouvé le sien. Il la regarda un instant avec un air indéchiffrable. Il savait être gentleman mais il savait aussi observé. Elle était malheureuse et cela se respirait à pleins naseaux. Pour la détacher de ces souvenirs tristes il adressa un léger hennissement à l'aigle qui répondit dans un cri aiguë. Il prit un galop fougueux et rebondi. Ses sabots frappaient fort le sol ensablé, son encolure s'était roulé et il s’apparentait à une boule de puissance. Rapidement il bondit en l'air comme si il était sur un ressort puis à jeter des coups de culs athlétiques. Son visage se fendit d'un sourire particulier. Un sourire juste sincère de quelqu'un d'heureux dans sa vie.

Hadès. Le Clan des Enfers. Voilà qu'il avait trouvé une partenaire de jeu bien peu ordinaire. Il sourit en entendant ce nom. Elle n'avait pourtant pas l'air très dangereuse en apparence. En revanche il avait entendu parlé de Satan, une sale réputation apparemment. Mais il n'aimait pas se fier aux apparences, il chassa donc ces pensées de sa tête. Il lui adressa un sourire, il était lui aussi content de partager cette journée avec elle ! Il est content de l'avoir fait rire et ne compte pas arrêter ses sottises.

Il eût un sourire en coin avant de partir avec autant de puissance qu'il pouvait. Il prit de l'avance mais ralentit un peu pour qu'il la rattrape. Joueur, mais toujours gentleman.

Elle avait l'air de ne pas trop apprécier qu'il la laisse en plan. Mais en étalon bien éduqué il avait su l'attendre. Elle l'avait rattrapé, rit, puis dépassé. Elle arrivait à le faire sourire comme un enfant. Cela l'amusait. Décidément, les juments auront toujours autant de pouvoir sur lui. Elle accéléra comme une folle mais il resta derrière sans trop de mal. Il avait beau paraître imposant, il savait se faire léger pour galoper. Mais soudain un craquement le mît en alerte. Ce n'était pas une brindille emportée par le vent. Il regarda Sinistra et sa vision lui confirma ce qu'il venait d'entendre. Il l'écoute parler d'une oreille distraite. Il n'était pas un enfant et savait très bien qu'un danger n'était pas loin. Il retroussa sa lèvre et huma l'air. Il avait rarement senti cette odeur, il était bien plus habitué aux loups. Toutefois il les avaient déjà rencontré à quelques reprises lorsqu'il errait dans un territoire hostile. Elle lui fît signe de ne pas bouger. Il se sentit un peu agacé, il savait qu'il ne devait pas faire de bruits. Des coyotes ne s'attaqueraient pas à eux... à moins qu'ils meurent de faim. Dans ces cas là, peu importe la mort quand l'odeur de la nourriture est proche. C'est alors qu'ils apparurent. 7 contre 2. Mais la différence de force était là. Il n'avait guère peur d'eux, les loups étaient bien plus féroces et nombreux. Il jeta un coup d'oeil à Sinistra. Il comprit pourquoi elle faisait parti des Hadès, elle ressemblait désormais à une statut de glace. Ses muscles étaient tétanisés, elle fixait ardemment les coyotes et cela lui donnait un charme machiavélique. Il abandonna ses pensées frivoles lorsque les coyotes se mirent à les encercler. Ses muscles se contractèrent et ses oreilles se couchèrent. Il devenait menaçant et il n'était guère rassurant de l'avoir contre lui. Il réfléchit à toute vitesse. Le premier attaquant est toujours le premier attaqué. Il attendit alors que le plus gros coyote soit assez près. Sans crier gare il bondit sur le plus gros coyote. La suite ne tarda pas à arriver. Les 6 autres se jetèrent sur lui de tous côtés. Chilam virevoltait dans tous sens attaquant ici et recevant une morsure ailleurs. Ses postérieurs frappaient. Il ne devait jamais se coucher, sinon il mourait. Pour le moment il avait l'avantage. Il ignorait son sang qui coulait et se concentrait à glisser ses mâchoires puissantes vers la gorge du dominant. Ses yeux étaient brûlants de haine. Il était passé du gentleman à un démon doré.

Il ne la voit même pas. Il a abandonné sa vue pour se concentrer sur son instinct. Ses yeux sont voilés de noir et son visage est fermé. Il sentit que Sinistra l'aidait, les morsures cessèrent d'un côté mais reprenait plus fort de l'autre. Il finit par en frapper un en pleine tête avec ses postérieurs. Plus que 2, les 2 plus coriaces. Lorsque la mort approche on fait n'importe quoi pour survivre. Les deux coyotes avaient dû prendre le temps de se concerter puisque d'un coup ils lui sautèrent sur le dos. L'un deux lui mordait le garrot, l'autre cherchait à atteindre sa gorge. Il lui restait une issue. Une issue qui pouvait être fatal mais il n'avait pas le choix. Il se cabra si haut qu'il se retourna. Le sol vibra lors de sa chute et un bruit sourd sortit de sa gorge. Il ferma les yeux et serra les mâchoires pour bloquer la douleur. Le dernier coyote, le plus gros, avait sauté avant qu'il tombe. Chilam vira immédiatement sur le côté et se releva. Le coyote n'eut pas le temps de réagir et glissa sur sa croupe. Il fît volte-face avant de trancher la gorge du coyote. Celui-ci mourut sur le coup. Chilam resta un moment sans bouger, se concentrant pour reprendre son souffle. Son garrot saignait ainsi que ses flancs et sa croupe. Il souffla un grand coup, observant le massacre autour de lui. Soudain, ses yeux se portèrent sur Sinistra. Son premier instinct aurait été de courir et de se confondre en excuses, mais cela ne servait à rien. Il laissa alors sa sagesse s'occuper de ses agissements. Il s'approcha de Sinistra observa ses blessures et repartit au pas. Après un moment il revint avec des plantes. Il se mit à genoux près de son membre et y appliqua des feuilles. Il appuya avec ses lèvres pour stopper l'hémorragie. Il savait qu'elle aurait mal mais il n'y avait pas le choix si elle voulait remarcher sans boiter. Il observa ses autres blessures et appliqua quelques autres feuilles un peu partout sur son corps. Il se redressa et se recula avant de l'observer. Ses muscles étaient restés contractés et il ne ressentait pas encore la douleur à cause de l'adrénaline.

Sa voix était dur et son regard de feu. Il n'avait pas su la protéger assez et il ne le supportait pas. Il finit pas se rendre compte qu'il était trop dur. Il secoua la tête et s’efforça de se décontracter un peu malgré la douleur. Du moins, il ne montra rien. Il devait être fort, on lui avait suffisamment enseigné.

Il remarque son hochement de tête mais n'y répond pas. Il la laissa à ses pensées jusqu'à ce qu'elle parle. Alors elle avait perdu son enfant. Il se rendait compte de ce que pouvait être cette douleur même si il ne l'avait jamais vécu de cette façon.

Il l'a laisse s'appuyer sur lui sans un mot. Il est tant de trouver une source d'eau pour retirer tout ce sang. Il regarda Sinistra qui avait l'air d'être parti loin dans ses pensées. Elle avait l'air de vouloir se durcir sans jamais vraiment réussir. Comme si elle ne pouvait pas, au fond d'elle, devenir trop méchante. Peut-être par peur de ressembler à son père ou d'oublier ses proches ? Il souffla doucement de l'air chaud sur son encolure, attendant qu'elle se ressaisisse. Ce combat ne le minait pas, il lui rappelait même de bons souvenirs lorsqu'il était plus jeune et qu'il entraînait des poulains au combat et au savoir-vivre. Il eût un léger sourire mais revint vite à la réalité. Il regarda le ciel. L'aigle planait toujours au-dessus d'eux, fier comme jamais.

Le sang ne lui avait jamais fait quoi que ce soit. Petit cela l'avait bientôt effrayé de voir un liquide rouge sortir de lui. Mais bien vite il avait comprit que dans ce monde le sang coulait plus qu'il ne devrait. Il n'avait jamais croisé un cheval sans cicatrices. Même les plus jeunes avaient souvent des marques ici et là. L'important dans ce monde était désormais la victoire, le goût du sang et la violence. Beaucoup tuait pour rien, parfois pour se montrer plus fort qu'on ne l'est ou simplement en écoutant quelqu'un bêtement. Pour lui, il n'y avait pas souvent besoin de se battre. Il fallait savoir être diplomate, patient et sage, cela réglait souvent bien des soucis. Mais il était conscient que souvent l'éducation faisait beaucoup. Les chiens ne faisaient pas des chats. Et peut-être étais-ce le problème de ce monde qui ne réfléchissait plus par lui même.

Rien ne servait de s'attarder sur le passé, le présent était le plus important. Il fallait s'en aller et vite, d'autres prédateurs pourraient être attirer par l'odeur du sang. Il commença donc à marcher vers le nord, sentant à point d'eau. Il marchait doucement, attendant Sinistra qui boitait légèrement. Au bout de quelques minutes ils atteignirent un point d'eau formé par la pluie torrentielle de ces derniers jours. Il s'avança dans l'eau, s'assurant qu'il n'y avait pas de prédateurs. Une fois assuré il se coucha dans l'eau et se roula dedans, faisant disparaître toutes odeurs ou traces de sang. Il se releva, s'ébroua, bût un peu avant de revenir vers la rive, aux côtés de Sinistra, sa robe luisant par l'humidité de l'eau et par la clameur du soleil.