Elle avançait doucement dans les ruines de cette cité abandonnée. Pour une fois le ciel était couvert mais ne crachait pas sa haine. Certains oiseaux prenaient même plaisir à chanter en cette belle après-midi. Elle écoutait d'une oreille attentive ce son délicat qui résonnait dans la cité. Cela faisait bien longtemps qu'elle n'avait pas entendu une si douce mélodie, elle était davantage habitué aux bruits sourds des vagues sur les rochers. Mais elle appréciait ce climat plus doux. Elle marchait lentement mais avec agilité, enjambant quelques roches ici et là. Elle n'était pas sur ces Terres, et donc en tord. Mais dans ces jours là, elle s'en fichait. Elle était mal à repenser à son passé, à ces douleurs. Elle soupira et secoua la tête. Elle voulait chasser ses pensées de sa tête, mais décidément rien ni personne n'y arrivait. 

Elle continuait sa progression dans la cité, tournant derrière un mur de pierres. Elle était tellement absorbée par ces pensées qu'elle n'entendit pas l'étalon approché. Elle errait seule, dans les méandres de son esprit tordu. Elle pensait à son passé mais aussi aux rencontres qu'elles avait fait sur ces Terres. Elle aurait aimé parfois être moins seul. Avec à ses côtés son étalon. Elle soupira, rien ne servait de ressasser ses souvenirs et ses espoirs, il avait quitté le monde depuis longtemps déjà. Elle continuait de marcher sans faire attention à la présence pas loin d'elle. Elle regardait un bel oiseau de toutes les couleurs virevolter autour d'elle. Au moins un qui avait l'air heureux de vivre. Elle inspira un grand coup pour se remettre à l'esprit des idées plus joyeuses. Elle finit alors par sentir une odeur. Une odeur douce et fleurie mêlé à un parfum plus brut. Un étalon Athénien apparemment. Elle se figea et regarda autour d'elle. Elle ne vit rien à part les murs de pierres grises et les lianes qui grimpaient dessus. Elle reprit le pas et tourna derrière un autre mur où elle l'aperçut. Elle était derrière lui et donc prit le temps de le détaille discrètement. Etalon noir, encore une fois. Allure de guerrier, fort mais fin à la fois. Après un moment elle avança un peu avant de s'arrêter et de le fixer. Qu'allait-il dire à une étrangère sur ces Terres ?

Il se tourne vers elle et la scrute de haut en bas. Elle reste aussi froide que la glace, ne réagissant pas. Elle observa son visage. Sa liste le différenciait des autres chevaux noirs. Sa tête était fine et il avait des yeux noirs forts expressifs. Seul sa cage thoracique bougeait au rythme de sa respiration. Ils se contemplèrent un long moment ainsi, dans un silence grandiose. Finalement sa voix grave brisa le doux silence.

Ella approcha de deux pas, tenant désormais une distance d'environ deux mètres entre eux. Sa voix était calme et de glace. Comme à son habitude, elle ne laissait rien paraître. C'est alors que le soleil fît son apparition, faisant rayonner ses rayons sur ce paysage merveilleux. Le rose de son visage s'accentua avec le soleil ainsi que le blanc de sa robe. De son côté la crinière de l'étalon prenait des teintes de feu ardent. Elle releva les yeux vers le ciel, appréciant la clameur du temps.

Elle l'observe dans le silence comme si elle prenait le temps de gravé son nom dans sa tête. Oropher Nenharma. Il à l'air sage, pesant chacun de ses mots comme pour éviter tout gaspillage de salive. Le soleil se faisait plus fort et il semblait apprécié la caresse sur son dos de jais. Elle devait avoué que c'était agréable même si à force elle s'était habitué à la pluie. Malgré ça elle préférait le froid, la tempête et surtout la nuit, de préférence les nuits de pleines lunes. C'était durant ces nuits qu'elle errait pendant des heures, appréciant à sa juste valeur la beauté de cette astre lointain. Malheureusement pour elle, elle devait attendre encore de longues heures avant de se retrouver de nouveau en tête à tête avec, à ses yeux, sa créatrice. Ce qui pourrait être vrai, elle pourrait être née de l'union de la Lune et du ciel. Elle avait le calme, la sagesse et les reflets de la lune mais une robe étoilée comme le ciel un soir de beau temps. Elle finit par raccrocher ses yeux à ceux de l'étalon, quittant son observation du ciel ensoleillé.

Elle ne disait pas ça pour se faire valoir. C'était simplement naturel. Il lui demandait qui elle était, elle lui répondait. Car son nom sans le nom de son Dieu n'était pas entier. Elle ne relâcha pas son regard, se demandant si il la chasserait ou la questionnerait sur son apparition parmi cette Terre divine, propriété d'Athéna. La chaleur s'installait petit à petit offrant une tiédeur rare et agréable. Depuis longtemps, elle pouvait enfin souffler sans provoquer un léger nuage de bué. C'était dommage, elle aimait l'atmosphère du froid, bien qu'elle s’accommodait à son milieu de vie. En revanche lui semblait apprécier la douceur de ce temps. Lorsqu'on est habitué au confort, pourquoi le quitté pour aller vers une Terre aride ou glacée ?

Que fait-elle ici ? Elle l'ignorait. Elle avait envie de changer d'air, d'aller voir outre ses frontières. Elle aimait les Terres de Poséidon, elles lui offraient tout ce qui était vital, mais parfois on est prit d'un désir de l'inconnu. L'inconnu attire mais fait peur aussi. Bien que pour elle ce ne soit pas tout à fait juste. Elle était attirée, ça oui, par tout ce qui est nouveau bien que son attirance reste mesuré. Mais elle n'avait jamais peur. Bien sûr, elle respectait le fait qu'il y ait des gens plus forts qu'elle, notamment les dieux. Mais elle n'avait peur de rien, y compris de la mort. De toute manière, tout le monde meurt un jour, alors que ce soit dans un combat ou dans la vieillesse, quelle importance au fond si notre âme à atteint son but ? Et c'était peut-être ça qu'il lui manquait au fond. Un but. Voilà pourquoi, peut-être, elle errait sur ces Terres étrangères.

Je voyage, ici et ailleurs. Je vais là ou le vent me porte.

Elle raccrocha ses prunelles aux siennes. Elles étaient vides. Dénuées de sens ou d'humeur. Ils étaient rares que ces yeux s'expriment, elle avait prit cette habitude pour ne pas se trahir elle-même. Les yeux sont les miroirs de l'âme, et ce n'était pas toujours un bon présage. Elle souffla doucement dans cette atmosphère feutrée. L'après-midi touchait à sa fin. L'air se rafraîchissait et le soleil allait bientôt les quitter. Pour combien de temps seulement allait-il disparaître ? Seul le ciel le savait, ou plutôt les Dieux, peut-être ? Encore une fois son regard de glace avait glissé sur l'horizon. Elle le remit une dernière fois sur l'étalon noir, observant les reflets de feu qui dansaient sur sa robe au soleil couchant.

Voyageuse. Oui, certainement. Bien qu'elle l'ai fait d'une manière particulière et pas toujours de son plein gré. Mais elle ne croyait pas au hasard et acceptait chacune de ces destinations avec respect. Elle entendit la question de Oropher mais n'y répondit pas tout de suite. Athéna avait certainement de belles terres mais non adaptée à une jument de glace. C'était peut-être ça qu'il la dérangeait ici. Elle était habitué à la violence des vents et à la colère de la mer ainsi qu'au parfum salé qu'elle libérait. Ses sabots étaient habitués au sable fin ou aux roches noires si dangereuses. Tout ici semblait feutré, protégé et cela la dérangeait.

Elle ne dit rien de plus. Elle avait horreur de parler d'elle et des raisons qui la poussaient à franchir ses frontières. Alors même si elle était en tord elle ne se démontait pas, quitte à se battre par simple fierté. Elle le fixait toujours, ne relâchant pas un seconde son regard glacé. Il avait l'air d'un calme olympien, doux, sage et patient. En même temps proche d'elle et son contraire. Elle faisait preuve de sagesse et patience en toutes circonstances mais elle était surtout un être froid et imprévisible. Avoir une vie bien rangée sous les ordres de quelqu'un ne lui correspondait pas. Elle aimait bien trop sa liberté, que ce soit physique ou d'expression. Bien sûr elle était sous le pouvoir de son Dieu mais c'était différent. Il pouvait vous remontez les bretelles, vous punir de vos sottises, mais jamais être là comme un obstacle. Etre orgueilleux et vous empêchez de faire ceci ou cela pour des raisons qui n'ont pas lieu d'être. Non, décidément elle ne changerait sa situation pour rien au monde. Elle maniait son jeu avec une intelligence remarquable, et rien ne la déstabilisait, encore moins le regard de l'étalon de jais qui la dévisageait de long en large.