Numb. [PV Sinistra]

Elle grimpait l'une des montages de ce paysage enneigé. Le froid y était rude et le vent glacial. Mais elle était habituée à ces températures et se hissa sans trop de problèmes au sommet. Durant quelques minutes elle resta bouche bée devant ce paysage qui s'étendait devant elle. Tous les bruits étaient feutrés par l'épaisseur de la neige donnant une atmosphère engourdie. C'est pourquoi elle était venue ici, elle était aussi engourdie que cette atmosphère. Elle ne savait plus quoi penser et elle avait besoin de ce réfugier en dehors de ces Terres. Elle ne fuyait pas ses responsabilités mais elle avait parfois besoin de réfléchir sereinement. Elle pensait à Sinistra. Elle ignorait quand elle la reverrait et comment se passerait leur rencontre avec l'apparition de Satan. C'est aussi pourquoi elle avait choisi cette endroit. Au cas où Sinistra viendrait, la montagne garderait leurs odeurs pour elle. Et qui sait ? Le froid glacial dissuaderait peut-être un peu le chef des Hadès, habitué à la chaleur étouffante de ces Terres, à venir ici. Elle souffla longuement, observant le nuage de buée qu'elle venait de créé. Décidément, il fallait toujours qu'elle se mette dans des situations compliquées.

Le froid.La neige tourbillone autour de moi et tache ma robe noir qui forme un point sombre dans le néant de la blancheur pure. Je souris en pensant à Alta Luna, qui se fondrait parfaitement dans ce paysage de glace. Je ne souffre pas du froid, mais je préfère tout de même la chaleur cuisante de mes terres. Mon esprit vagabonde vers Satan, et un picotement me traverse. Mon lien divin avec lui me fait savoir qu'il fait son devoir ailleurs et qu'il va bien. Je reste bouche bée quelques instants...alors c'est ça... je n'ai qu'à penser à lui et je sais où il se trouve. Esperons qu'il ne pense pas trop souvent à moi!

Mes sabots s'enfonçent dans la neige fraîche tandis que je gravis une montagne de taille moyenne, muscles tendus à l'extrême. Le silence est assourdissant, je lève la tête et observe les alentours. J'ai senti une odeur qui m'est bien familière, celle salée de la mer. Le destin est parfois si bien fait! Un soupir m'échappe puis un immense sourire éclaire mon visage. Alta n'est pas loin de moi, elle aussi erre quelque part sur ces terres de glaces. Je pousse un hénnissement au hasard, dans l'espoir qu'elle m'entende. J'accelère le pas, dans la direction que m'indique les efluves de son odeur.

Au loin elle entendit des bruits de pas. Elle cru d'abord à un mirage mais le bruit de pas se rapprocha. Dans un premier temps elle plaqua ses oreilles, énervée d'être encore dérangée. Peu importe là où elle allait, y compris dans le désert, on venait la chercher. Elle soupira avant d'entendre le hennissement. Elle se retourna vivement, cherchant dans la blancheur de la neige, une tâche noire. Ne voyant rien elle hennit à son tour. Son hennissement était grave et court. Au loin, réveillée par les hennissements un flanc de neige se détacha et commença sa chute libre. Alta resta un moment à l'observer se disloquer dans le vent. La neige finit par s'écraser en contre-bas dans un bruit sourd et assourdissant. Elle souffla, amusée. Les caprices de la nature était toujours beaux quand ils étaient loin de chez soi. Lorsqu'elle regarda de nouveau devant elle, elle aperçut Sinistra qui se hissait sur le sommet de la colline. Elle eût un léger sourire, heureuse de la voir. Décidément, le destin savait comment manier ces cartes. Elle s'approcha d'elle hâtivement.

Bonjour Sinistra, je suis bien contente de te voir !

Sa voix était joueuse et amicale. Décidément vraiment heureuse de la voir.

Enfin, j'étais arrivée, je l'ai trouvee. D'un trot léger je m'approche d'el etlui sours. Joie de la revoir, angoisse sourde de subir les foudres de Satan.

"Bonjour, je suis contente de te voir aussi. Coment vas tu?"

J'avais envie de tout lui raconter, le voyageur, Shakespear, Satan, Chilam... que dire, par où commencer? Mes yeux scrutent le magnifique paysage qui nous entoure. Alta se fonds dans ce paysage blanc et gris, pur comme le paradis. C'est comme si nous étions ailleurs, portées par nos passés respectifs.

"J'ai retrouvé mon frère, Shakespear. Dominant des Artemis, pour ne pas faire compliqué. "

Un sourire ironique éclaire mon sombre visage, et je ris doucement. Des flocons de neige s'écrasent sur ma robe noire et me recouvre lentement, peut être même que je deviendrai blanche d'ici quelques minutes. Je repense à ma conversation avec Satan, à son interdiction envers mon amitié pour Alta Luna et mon visage se voile. Et s'il savait que j'étais là? Je ne pouvais rien dire à Alta,et pourtant j'en mourrai d'envie.

Elle la regarda approcher dans un petit trop élégant. Elle avait l'air joyeuse aussi mais pas que. Il y avait autre chose quelle cachait... Elle souffla, elle n'aimait pas les choses masquées.

Moi je vais bien oui, mais toi...

Elle la regarda étrangement, lui montrant qu'elle n'était pas dupe. Elle avait beau se connaître depuis si peu de temps elle avait l'impression de pouvoir lire en elle. Elle eût un sourire en coin, la regardant se débattre avec ses pensées. Du moins, elle attendit qu'elle prenne la parole. En attendant elle prit le plaisir de sentir les morsures glacées des flocons qui venaient se déposer sur sa peau étoilé. Petit à petit la neige recouvrit les partis sombres de son corps pour ne laisser qu'une robe blanche aussi pure que la l'air de cette montagne. Elle rouvrit les yeux et cligna quelques fois des paupières pour chasser les flocons qui venaient sur ces cils. Elle regarda Sinistra qui quittait peu à peu sa robe noire des Enfers. Elle paraissait soudain beaucoup moins dangereuse, bien qu'Alta ne l'ai jamais considéré comme telle.

Shakespeare... Oui je l'ai rencontré il y a peu, un étalon fier mais sympathique.

Elle se remémora l'étalon imposant qui s'était tenu face à elle. Une rare puissance. Malgré ça il y avait une ressemblance entre eux, comme avec Satan. Le trio infernal. Son sourire en coin réapparut à cette pensée. Tant que les 2 clans ne s'alliaient pas il n'y avait pas de danger.

Si tu commençais pas te détendre déjà ? Tu sembles complètement ailleurs et tendu, respire un grand coup et apprécie le paysage. Nous sommes sur terrain neutre et si tu as peur de ton chef nous le verrons arriver d'ici.

Elle regarda autour d'elle. La vallée s'étendait à leurs sabots. Il serait rapide d'apercevoir une forme noir sur ce tapis blanc. Elle redressa la tête faisant chuter un peu de neige qui s'était accroché à ses crins. Bientôt le vent se leva, faisant virevolter la neige dans des spirales infernales. Infernales, comme elles deux.

Alta ne pouvait pas savoir que Satan avait la facculté de me trouver où que je sois. Je ne dois pas lui en parler, elle serait certainement horrifiée par cet étrange lien né du fruit de l'imagination d'Hadès.

"Tu as raison je vais penser à autre chose. Qu'as-tu fais toi depuis notre dernière rencontre?"

Ça y est je suis devenue blanche. Je jette un coup d'oeil à ma robe et ris, je n'y suis pas habituée. Alta est devenue d'une blancheur imaculée, elle est encore plus belle. Jument de lune jument de neige. Je caresse des yeux le paysage, songeant à bien de tristes choses. Un souvenir s'empare de mon esprit. Wise et moi, en ballade dans l'hiver glacé de ses six premiers mois. Il decouvrait la neige pour la première fois et trouvait cela magnifique.*maman regarde ça tombe du ciel c'est magique!* m'avait-il dit. Nous avions joué, et bien rit. Nostalgie, quand tu nous tiens...

"Comme j'aimerai que mon fils soit là..."

Phrase pleine de confession, sans en avoir l'air. J'inspire profondémment pour ne pas prendre le risque d'éprouver quoi que ce soit et souris. Je n'ai plus peur de Satan, je pense que notre lien me protège, et jusque là je n'ai fait rien de mal, rien qui soit défendu. Mon âme en a assez d'être constamment torturée, elle souhaite être en paix rien que pour une fois. Alors je chasse tous de mon esprit toutes pensées négatives, j'oublie pour quelques instants que je possède de vieux démons qui ressurgissent trop souvent. Je secoue la tête et de la neige tombe de mon dos. Le vent souffle, mais il n'est pas glacé, c'est agréable, surprenant même.
Je n'arrive plus à me retenir, je veux lui de mander, depuis la dernière fois:

"Alta... tu ne m'as jamais raconté ton histoire"

Elle eut un léger sourire quand elle essaya de changer de sujet. Elle savait ce qu'était la nostalgie, la douleur et on ne les oubliaient pas comme ça.

Rien d'intéressant, le sujet n'est pas là, tu le sais.

Elle la regardait toujours d'une lueur étrange, impénétrable. Elle la regarda partir dans ses pensées, son visage se décomposait vers la tristesse. Elle observa sa robe s'entouré d'un manteau blanc. Elle était bien mieux en noir, plus sauvage, plus entière. Chasser le naturel, il revient au galop. Elle écouta sa phrase et inclina la tête légèrement de côté. Son premier sentiment fût la haine. Elle était triste alors que son fils était vivant. Le second sentiment fût la nostalgie. Elle avait perdu le sien, mais définitivement. Il n'avait pas vécu assez longtemps à ses côtés et elle s'en voulait chaque jour un peu plus. Enfin, son dernier sentiment fût l'apaisement, la sagesse reprit le dessus et elle pût répondre.

Dis toi qu'il vit heureux quelque part. Tu as la chance qu'il vive encore sur ces Terres. Se remémorer ses souvenirs ne font que du mal quand on a pas fait le deuil. Dis-toi que tu lui as offert une belle vie, qu'il ne t'oubliera pas. Tu as ta mission ici et tu le retrouveras quand tu seras libre.

Elle la fixait ardemment. Etre mélancolique devait servir à avancer. Pas à reculer. Il était temps de faire le deuil mais si ce n'était pas toujours évident. Alors qu'elle regardait la douceur du paysage, elle posa la question fatidique. Un sourire en coin, presque triste se dessina aux coins de ses lèvres. Elle chassa vite ce sourire de son visage. Elle n'aimait pas les confessions. Etre à nu, vulnérable. On ne connait jamais assez bien la personne qu'il y a en face de soi. On est jamais sûr qu'il ne trahira pas. C'est ici que démarre la confiance. Mais encore faut-il être capable de faire de nouveau confiance. Elle resta un moment dans le silence.

As-tu vraiment envie d'entendre ça ?

Elle aurait pu lui retourner la question mais elle ne le fît pas. Elle attendait sa réponse qui serait déterminante. Tout se jouait maintenant... ou jamais.

Je m'en veux. Elle a perdu son fils et pour toujours. Je ne saisnpas s'il est heureux, et comment puis-je savoir s'il est en vie? Je l'ai sauvé, mais j'aurai du mieux faire. Nous sauver.

" pardon. On fait son deuil lorsque l'on sait que c'est terminer. Mais lorsque le destin m'est simplement nos vies en suspend....je ne sais pas. C'est comme si l'espoir était à la fois bon et mauvais."

Alta doute, elle ne sait pas encore si elle doit tout me dire. Je suis la seule ici qui pense pouvoir la comprendre, qui partage un passé tragique. Je pense pouvoir la comprendre, suivre son histoire sans ciller. Je ne dois pas la presser, ni la forcer. Je m'approche d'elle et lui sourie:

" Je suis prête à attendre et à garder secret tout ce que tu voudras. Mais si tu pense qu'il n'en est pas encore temps alors je patienterai en paix."

Calme et sagesse. Reflection. Mon père ne m'a pas simplement apprit à tuer et faire souffrir. Un petit oiseau tombe à mes pieds, il est vivant mais meurt de froid. Je baisse la tête et souffle de l'air chaud sur lui, pour tenter de le sauver. Et oui je posséde un coeur tout de même. Il se blottit contre mes naseaux et se réchauffe.

"Et bien ça va être pratique pour parler ça."

Je ris et jette un coup d'oeil à Alta, qui semble bien préoccupée.

L'espoir fait vivre. Oui, mais combien de temps ? Telle était la question qu'elle s'était posée durant si longtemps. Et elle avait fini par se faire une raison. Mieux valait ne pas espérer pour ne pas souffrir.

Ne t'excuse pas avec moi. Le destin est bien fait et chaque situation est faite pour te faire grandir. Il n'était pas au lac des âmes, il vit, quelque part.

Même si c'était difficile à expliquer elle y croyait fortement. Elle avait eu du mal à accepter que la vie lui retire ses deux amours, mais finalement elle avait apprit à vivre avec et c'était faite à l'idée même si souvent ses démons revenaient. Elle écouta ses paroles tout en la regardant. Elle inspira un grand coup avant de voir l'oiseau tombé. Elle observa Sinistra, se disant qu'elle avait dû être une bonne mère même si ça avait été trop court. Elle riait et semblait heureuse de s'approprier un enfant qui ne pouvait être sien. Soudain, un cri se fît entendre dans le ciel. Alta se recula devant un magnifique faucon des neiges. Ce dernier écarta les ailes et prit son petit. Avant de repartir vers le nid un peu plus haut il adresse un cri aiguë à Sinistra, comme un remerciement. Alta observa ce parent avec son petit jusqu'à ce qu'il disparaisse dans la brume. Elle rebaissa la tête et finit par parler à la jument d'ébène.

"Commençons par le commencement... Je suis née un jour d'orage, bien plus que ça même, le jour d'une tempête terrible qui balayait la plaine avec de violentes rafales de vent. Depuis le début j'ai dû me débrouiller. Ma mère était une grande jument, forte et d'un noir très profond. Pour tout dire elle ne m'a jamais rien montré, jamais un signe d'affection, rien. Et surtout pas un mot, elle était muette. Je ne m'en suis pas plainte, j'ai appris à parler que plus tard. De temps en temps je m'échappais et allait dans le troupeau où je jouais avec des jeunes poulains. Mais chaque fois on me chassait. Ce ne fût qu'à mes 7 mois que je pu le rejoindre. En effet, un beau matin je me suis réveillée seule. Elle était partie dans la nuit. Durant 5 mois j'ai appris à parler, à me battre et à vivre en société. J'étais la seule pouliche alors j'ai été élevé comme un étalon, à la dur. A mes 1 an je suis parti sans prévenir, je n'avais pas le choix, ils auraient voulu que je serve de jument reproductrice. Là n'était pas mon destin. Quelques mois plus tard mes recherches ont portés leurs fruits. Je suis arrivé dans un petit troupeau de 3 étalons célibataires, l'un deux l'avait connu avant qu'elle disparaisse comme elle l'avait fait avec moi. Personne ne sait qui elle était avant ses 5 ans mais elle avait de nombreuses cicatrices et avait perdu la parole suite à une bagarre ainsi que son oeil droit. Après être arrivé ici elle s'est faite violée, par mon père donc. Après avoir mis un peu de lumière sur mes origines j'ai de nouveau changé de troupeau. Mais, les précédents étalons avaient dû prévenir mon père. Ce dernier me retrouva bien vite et me fît enlever. Il a essayé de me forger à son image. A l'image d'un monstre. J'ai accepté par nécessité. J'avais 2 ans et j'étais trop fragile. Il m'a alors beaucoup apprit durant 6 mois, me battre, survivre, comment parler. Je l'ai pris pour un père jusqu'au jour où il a essayé de me violer. Je l'ai fui et me suis échappé avec un étalon. Mon étalon, Mafioso. Il m'a fait oublier mon mauvais côté. J'ai été si bien avec lui... Rapidement nous avons eu un poulain, Harshad. Il était notre tout. Mais malheureusement ce fût court, 2 mois plus tard je les retrouvais morts tous les deux, comme tu as eu la malchance de le voir... Ce soir là j'ai tué mon père mais je de nouveau été enlevé.

Elle s'arrêta et regarda au loin, serrant la mâchoire pour empêcher les larmes de montés. Et elle réussit, elle ne laissa de nouveau rien paraître.

Je ne suis pas choquée par son réçit. J'ai vu des choses semblables à son histoire. Mon coeur bat plus fort, et une vague de tristesse m'emporte lorsque je la vois lutter contre les larmes. Pendant quelques minutes je laisse le silence s'installer. J'observe les oiseaux, qui se sont posés non loin de nous. Puis lentement, je reprends la parole:

" Mon père a violé bien des juments, et a tuer de nombreuses personnes lui aussi. Toi et moi partageons un passé où les figures paternelles n'auraient pas du exister. Nous n'avons pas eu de père. J'ai vu le mien rendre aveugle l'étalon que j'aimais avant de tuer ma propre mère devant mes yeux."

Je m'arrête, car je sais que si je continu je risque de craquer et ça c'est tout simplement hors de question. Je ne laisse plus les larmes couler, mon coeur se serrer où mon esprit se torturer pour rien, quelque chose qui n'en vaut pas la peine.
Je colle mon chanfrein sur la joue d'Alta Luna, soutient, compréhension dans la douleur du souvenir. Comme il est dur d'avancer, de ne pas penser à ce qui est arriver. Qu'il est compliqué d'oublier, de faire des plans pour l'avenir lorsque le passé obscruçit le futur. Comment faire pour effacer certaines choses? On ne le peut pas, on doit vivre avec. On ne peut pas se laisser abbatre, il faut avancer et essayer, encore et encore. Parce que rien n'est gagner ou perdu d'avance. La vie est un compagnon de jeux, il faut apprendre à jouer, c'est tout. Et pour l'instant, j'ai trop perdue.

Elle l'écouta parler sans un mot elle hocha simplement la tête en signe de compréhension. Elle ne bougea pas quand Sinistra entra en contact avec elle. Tout du moins elle s'écarte pour reparler. Avoir un front sur la machoire quand on voulait s'exprimer ce n'était pas pratique.

C'est donc cette nuit là que je fût enlever par le royaume d'El Rayad. Soit, le royaume que mon père avait constitué. C'était... comment dire horrible, et pourtant j'ai fait parti de cette engrenage. Le royaume s'étendait sur des milliers d'hectares, c'était énorme, bien que le territoire soit majoritairement constitué de Terres arides. Le clan, composé de milliers de chevaux également était divisé en 3 parties. D'un côté les supérieurs, ceux qui avaient le droit de donner les ordres et de saillir, ou plutôt violer les juments. Le 2ème groupe était bien sûr les juments reproductrices ainsi que les poulains, le 3ème regroupait les espions, les tueurs à gages et autres. Je faisais parti du 3ème groupe bien que je sois une jument. J'étais la fille du Chef Suprême, j'étais respecté mais je devais faire mes preuves. Je suis donc devenue une tueuse. Après quelques tests ils m'ont trouvés habile à la guerre mais trop lourde pour l'espionnage et avec une robe trop voyante. C'est pourquoi durant mes 18 premiers mois j'ai tué. J'ai tué des étalons, des juments et même des poulains et pouliches. Les 6 derniers mois j'ai dirigé cette Tribu géante... dans un seul but. C'est ainsi qu'une nuit, accompagné de 2 juments associés, je me suis échappée avec toutes les juments et poulains présents. Nous avons galopé durant longtemps, si bien que beaucoup sont morts sur le chemin. Mais nous avons réussi et le Clan d'El Rayad à été décimé. Evidemment j'ai été recherché de long en large. Mais je savais survivre avec peu et rester discrète malgré tout. Alors, durant 2 ans, avant d'arriver ici. J'ai erré. J'ai affronté bon nombre d'animaux, y compris des étalons un peu trop osés. Mais j'ai aussi redirigé 3 autres troupeaux que je léguais à des personnes dignes de confiance. Finalement je suis arrivée ici. J'ai été chez les Poséidons car il me ressemblait, mais aussi parce que j'ai toujours été fascinée par la mer.

Voilà, c'est mon histoire, je t'épargne les détails sordides et certaines histoires, on y passera le jour et la nuit. Et toi qu'as tu vécu Dame d’Ébène ?

Elle replanta ses prunelles de glaces dans ses yeux noirs. Tout était étalé sur la neige qui semblait désormais souillé. Malgré ses nombreux passages dans l'eau de Poséidon ses sabots restaient souillés de sang et elle ne pourrait jamais rien y faire.

Une tueuse. La polie et sage Alta Luna avait elle aussi tuer pour les autres. Une colère sourde envers ceux qui nous ont fait souffrir s'empare de mon âme, puis je décide de parler, pour une fois sans retenue.

" Je suis née dans un clan ou le meurtre était chose commune. J'étais la fille du chef, je devais apprendre à me battre, à tuer, à torturer et surtout a reflechir correctement. Je devais être violente mais sage, attentive, complexe. Une machine à tuer parfaite, j'ai tué beaucoup de gens, juste pour "m'entrainer". Shakespear etait mon meilleur ami, le grand frère parfait, mais il a du suitter le clan vers ses deux ans. J'étais devastée et lui aussi, triste de me suitter mais soulagé d'aller loin de pere. J'ai vite appris, des journées durant mon père m'entrainait, sans relâche ni pitié. Puis à deux ans j'ai rencontré Shadow. Étalon gentilcalme et sage qui m'a apprit ce qu'était la bonté, le calme et l'amour. Je tombais vite enceinte. La naissance de Wise fut facile, et je connu le plus grand bonheur de ma vie: être mère. Mon père fut dégoûté de tout cela, je devenais une jument comme les autres à ses yeux. Son père a lui était aussi chef, un tueur pareil en tout points. Il avait honte de moi. Alors il m'ordonna de tuer Shadow. Tu sais que j'ai pris soin de confier Wise à quelqu'un avant de me battre contre l'étalon que j'aimais. J'ai renoncé, je n'étais pas capable de lui faire du mal. Alors mon père lui creva un oeil et le força à rester, pendant qu'il tuait ma mère et mes meilleurs amis. J'ai hurlé, avant de me jeter sur lui et de lui faire subir tout ce qu'il m'avait apprit. L'élève avait dépassé le maitre, je l'ai laissé a terre, sans le tuer pour qu'il souffre. Il a juré de me retrouver moi et mon fils. Et j'ai du partir. Shadow est resté, sa soeur faisait partie du troupeau il avait peur pour elle. Je n'oublierai jamais son regard, le fait que je l'ai abandonné. .."

Ma voix se brise mais je ne pleure pas, pas aujourd'hui. Je suis sous le choc de ce que j'ai entendu, brisée par mes souvenirs, enfer de flammes dansantes. Je regarde Alta, en me disant que nous pourrions être de la même famille. Nous avons tuer, toutes les deux.

Elle écouta son récit sans un mot. Leur passé se ressemblait en effet, bien que certaines choses ne collent pas. Mais là n'était pas l'important. Alta avait parlé une fois et ne reviendrait plus sur son passé. Ses bons sentiments l'avaient quittés depuis longtemps et elle était incapable de les faire ressortir, à moins qu'au fond elle préférait les renier. Amour, joie et tristesse étaient trois mots qui ne faisaient plus parti de son vocabulaire, accompagné d'une marade d'autres mots liés aux sentiments. Non pas qu'elle n'avait pas de sentiments. Non, elle en avait. Elle avait la haine. Et celui là était bien plus fort que tous les autres. Elle la laisse reprendre sa voix, sa fierté. De son côté elle ne montra rien. Sa voix était restée de glace et ses yeux de même. Même avec des histoires douloureuses la glace de son coeur ne pouvait fondre. Elle s'était toujours dit que peu importe ce qui lui arrivait à partir de maintenant, elle était déjà morte. Son corps physique était là mais son âme était morte sur ces Terres lointaines. Elle souffla longuement un air brûlant. Quelque chose la troublait. Le portrait que dressait Sinistra de son père ressemblait au sien. Une idée commençait à faire son chemin dans son esprit lui laissant un moment de doute. Détestant cela, elle préféra posé la question immédiatement, peut-être un peu trop brutalement.

Comment était ton père ? Physiquement, j'entends.

Il y avait de cela plusieurs années un étalon était venu sur les Terres d'El Raya. Il ressemblait à son père bien que la robe soit différente. Ils avaient l'air proches mais dans le mauvais sens du terme. La description que Sinistra en fera pourrait tout changer dans leur relation. Passant d'amies interdites à un lien familiale.

La peine, la douleur, le manque. Des émotions qui me sont si familières. Et pourtant au fond de moi je ne les crains plus, je m'y suis habituée. Que faire sinon ? Les laisser me posséder, prendre mon âme et me tourmenter ? Non jamais de la vie. Je préfère me battre, me dire que je suis forte et que je peux vaincre tout cela et m'en sortir. Et pour l'instant, c'est ce que je fais et je compte bien continuer. Alta Luna est comme moi, elle sait. Elle a ressenti toutes ces émotions et je sais qu'elle les a combattu avec autant de hargne que je l'ai fait. Sa question m’étonne, me met mal à l'aise. A quoi pense-t-elle ? Que veut-elle me dire par cela ? Je replonge un instant dans mes souvenirs et retrouve le physique ombrageux de mon père. Les yeux fermés je réponds à la grise :

"- Noir de jais. Puissant, pas très grand. Des yeux très noirs, comme une porte vers les enfers. Pourquoi ? "

Des images fugaces passent dans ma mémoire, je revois mon père en souvenirs, lui et ses crises de colère autant que ses petits passages de complicités avec moi. Je ne dis rien, j'observe Alta, en attendant des explications.

Numb. [PV Sinistra]

Numb. [PV Sinistra]

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